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7° Les professeurs doivent jouir d’une liberté absolue dans le choix de leurs méthodes. Que leur enseignement soit exégétique ou dogmatique, historique ou philosophique, l’État n’a point à s’en méler ; on ne prescrit pas plus les méthodes qu’on n’impose des opinions. C’est de la concurrence des professeurs que l’État doit attendre le triomphe du meilleur système, ce n’est point avec une méthode officielle qu’il obtiendra ce résultat.

8° Nul professeur ne doit avoir le monopole de son enseignement. Ce qui appartient au professeur, comme à tout autre fonctionnaire, c’est son titre et rien de plus. Tout membre de la Faculté, une fois qu’il a donné l’enseignement dont l’État l’a chargé, doit avoir le droit de faire des leçons sur toutes les matières de la jurisprudence, que cette matière soit ou non l’objet des leçons d’un collègue, qu’elle figure ou non sur le programme de l’État. Au moyen de cette double liberté et de la concurrence qu’elle amène, l’État obtient des professeurs un déploiement de forces intellectuelles des plus considérables, et une richesse d’enseignement incomparable. Quatre enseignements divers, et dix heures de leçons par semaine, telle est la moyenne qu’on peut attendre.de chaque membre de la Faculté.

9° Il n’y a aucune raison pour empêcher les suppléants de donner des leçons. Enseigner est la première condition pour devenir bon professeur ; et, en écartant de la chaire l’homme qui a fait preuve de talent, l’État se prive volontairement d’une précieuse ressource, et nuit inutilement aux suppléants qu’il condamne à l’inertie. Un système dans lequel le quart des professeurs est perdu pour l’enseignement est un mauvais système.

10° Le traitement proportionnel, calculé sur le nombre d’étudiants librement inscrits au cours, est la plus juste rémunération du service rendu par le professeur, et le plus légitime encouragement pour décider le maître à se consacrée tout entier à l’enseignement.C’est dans la Faculté, et là seulement, qu’il doit trouver ensemble et gloire et fortune.