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que les professeurs, la surveillance du ministre et de la Faculté, les certificats d’assiduité et l’examen final, lui assurent facilement l’obéissance générale.

4° En dehors de cette double action, toute intervention directe de l’État est plus dangereuse qu’utile, et l’expérience a démontré qu’un système dans lequel le gouvernement a ses droits réservés, s’en remettait à la Faculté, librement organisée, du choix, de l’ordre et des méthodes de l’enseignement, était infiniment préférable à tout système dans lequel l’État prétend diriger à son gré l’ordre et le choix des leçons. C’est aux savants et non au gouvernement qu’il appartient de décider des questions scientittques, telles que celle du meilleur enseignement.

5° En ce qui regarde l’étudiant, nulle raison politique ou scientifique ne peut justifier le régime de contrainte qui, en ôtant aux jeunes gens toute liberté d’esprit, leur ôte en même temps le goût du travail. Il est d’ailleurs évident que l’uniformité de la règle suppose dans les intelligences une uniformité qui n’a jamais existé. Dans la direction des études, tout doit se borner à des conseils. La Faculté représentant les pères de famille, a sans doute le droit de s’assurer que l’étudiant suit annuellement un certain nombre de leçons mais elle n’a point le droit de lui imposer un ordre ou des méthodes essentiellement arbitraires, et qui doivent varier, pour ainsi dire, avec chaque individu.

Une fois reconnu qu’il faut à l’étudiant un certain degré d’honnête liberté dans le choix et la disposition de ses études, on ne peut maintenir les examens réitérés qui ne lui laissent aucune indépendance, pas même dans le cercle tracé par l’État.

6° Pour que l’étudiant ait le choix des leçons et des méthodes, il faut que, pendant son séjour à la Faculté, les mêmes cours soient faits plusieurs fois et par différents maîtres. La concurrence des professeurs est donc une des premières conditions de la liberté d’études.