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être tout à la fois le plus avancé des jurisconsultes, des médecins, des littérateurs, des savants ; il faut donc qu’il s’en remette à chaque Faculté du soin de tenir l’enseignement au niveau de la science, niveau qui s’élève et change chaque jour ; il faut, par conséquent, que la Facutté. ne soit en rien gênée dans la disposition et le choix de ses leçons, et qu’elle puisse combiner un enseignement fixe exigé par l’État avec un enseignement variable exigé par le progrès scientifique. Que le ministre surveille l’esprit de l’éducation, qu’il s’assure qu’aucune doctrine subversive n’est professée dans un établissement qui vit sous la garantie de l’État ; là est son devoir et son droit, qui est d’une nature toute politique. Quant à la science, toutes les fois qu’il y touchera, il lui fera autant de mal que de bien. Elle vit de liberté et non de protection.

Ce difficile problème d’un enseignement toujours complet, et donné par un nombre de professeurs suffisant pour maintenir en tout temps une salutaire concurrence entre les maîtres et un libre choix pour les étudiants, l’Allemagne l’a résolu de la façon la plus heureuse et la plus économique, par l’organisation de son professorat. Tandis qu’en France, où l’enseignement est immobile, le gouvernement est sans cesse sollicité d’intervenir dans l’administration intérieure des Facultés, tandis qu’on demande de toutes parts des chaires nouvelles, des réformes, des améliorations, de l’autre côté du Rhin les Universités sont comme un grand ressort qui marche et se remonte tout seul. Chaque jour amène un mouvement, une modification insensibles, et, sans que l’Etat intervienne autrement que par une sage surveillance, l’enseignement s’élève et suit la science dans ses moindres progrès.

Voici ce système, qui n’est tout entier qu’une sage application du principe de liberté.

Je n’ai pas besoin d’exposer en détail te mode de nomination aux chaires vacantes ; ce mode est indifférent à l’organisation même du professorat, et on peut admettre en France la liberté d’enseignement sans toucher à l’arche sainte du concours. Je