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cultés du royaume, avec invitation faite à chacune d’elles non-seulement de donner son avis sur les points proposés, mais encore d’indiquer toutes les améliorations qu’elle jugerait convenables. Dans une affaire aussi grave que peut l’être une réforme des Facultés, il était difficile d’agir avec plus de circonspection et de convenance. L’opinion publique avertie longtemps à l’avance, les parties intéressées appelées à déposer dans une enquête solennelle, l’examen de tous les avis remis à une Commission composée de jurisconsultes considérables et de l’élite de nos magistrats, voilà certes un respect de la publicité digne de tous les éloges, et il est impossible d’appeler plus sincèrement et plus complètement la lumière sur une question qu’obscurcissent mille préjuges traditionnels.

Nous venons de lire les délibérations des Facultés, imprimées par ordre du ministre, et accompagnées de tableaux statistiques, féconds en renseignements[1]. C’est une idée vraiment libérale que de soumettre ainsi toutes les pièces de la discussion à l’appréciation du public, juge impartial, quand il est éclairé. Nous craignons seulement que dans le cas présent, ces réponses officielles ne jettent pas un grand jour sur la question. Les Facultés de province ont été unanimes pour reconnaître la nécessité d’améliorer l’organisation de l’enseignement et la constitution du professorat, mais elles n’ont indiqué ni les causes du mal ni le moyen d’y remédier. (J’excepte toutefois Strasbourg, qui doit à son voisinage de l’Allemagne des lumières et une expérience toutes particulières, et qui a émis sur la constitution du professorat des idées dignes de toute l’attention du ministre et de la Commission.) Soit modestie exagérée, soit confiance absolue dans les chefs de l’enseignement, les Facultés de province se sont, en général, renfermées dans une grande réserve, ne s’écartant jamais des questions proposées, malgré l’invitation bienveillante du rapport ; laissant

  1. Délibérations des Facultés de droit sur les questions proposées à la haute Commission par M. le ministre de l’instruction publique. Paris, 1845, imprimerie de Paul Dupont.