Page:Laboulaye - Quelques réflexions sur l’enseignement du droit en France.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rations, et on n’a point une si grande frayeur de la liberté scientifique. On ne prétend point régenter comme un écolier le jeune homme qui se présente a l’Université ; on pense avec raison qu’un citoyen déjà majeur, ou près de l’être, a bien quelque droit à se déterminer librement dans le choix et l’ordre de ses études. Sans doute il y a dans ce système quelques inconvénients individuels mais, outre que l’étudiant ne peut s’en prendre qu’à lui-même s’il n’a pas suivi les sages conseils de ses maîtres, il ne faut point considérer comme perdu tout entier le temps employé dans une mauvaise direction, et l’effervescence de l’esprit est bien moins dangereuse que son inaction. D’ailleurs ce n’est pas l’intelligence seule de l’étudiant qui gagne à ce système, c’est aussi son caractère, et rien ne l’attache plus au travail que ce premier exercice de sa liberté. Cet enseignement, ce n’est point un joug qu’on a jeté sur sa tête, c’est une tâche qu’il a volontairement acceptée ; ce professeur qu’il écoute, ce n’est point un maitre qu’il ne connait pas, ou qui lui est antipathique, c’est l’homme qu’il a choisi entre plusieurs pour être son guide et souvent son ami. Aussi, tandis que chez nous le passage à la Faculté ne laisse aucun souvenir, la vie d’Université reste dans la mémoire de l’Allemand comme le temps le plus heureux, le plus doux, le plus libre de la vie ! C’est pour lui l’époque où sans arrière-pensée, il se donnait tout entier à la science ; pour l’étudiant français, c’est le temps où il passait des examens !

À son entrée à l’Université, on remet à l’étudiant un programme détaillé qui doit lui servir de guide pendant toute la durée de son séjour. Ce programme est suivi d’un plan d’études (studien Schema) dressé par la Faculté, en général fort bien combiné, et le plus ordinairement suivi par l’étudiant dans ses parties essentielles mais, je le répète, rien n’est obligatoire, rien n’est forcé ; on a pour l’étudiant un respect et des ménagements infinis ; car ici ce n’est pas l’individu, c’est la science même qui est en jeu.

Voici le plan d’études de la Faculté de Bonn, doublement curieux par la réserve que la Faculté met dans ses conseils et