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stérile et sans avenir, la Faculté est faite pour conférer des grades, on n’aura pas substitué ce principe nouveau et fécond : La Faculté est la représentation vivante de la science ; c’est par elle et chez elle que doit se faire le progrès. Il ne doit pas y avoir un enseignement possible, qu’il soit philosophique, historique ou pratique, qui se retrouve immédiatement dans la Faculté[1].Si la commission se pénètre bien de cette vérité si elle se fait une juste idée du caractère élevé qui appartient à l’instruction supérieure, caractère jusqu’à ce jour trop méconnu, si enfin elle distingue ce qui doit l’être, l’enseignement des Facultés de l’enseignement des collèges, elle comprendra la cause de notre infériorité, et trouvera aisément le moyen d’élever nos Écoles à une hauteur qui peut faire de la France le premier centre littéraire de l’Europe.

Par une conséquence naturelle de la haute idée qu’on se fait en Allemagne de l’éducation universitaire, on laisse à l’étudiant toute liberté dans le choix et l’ordre de ses études. L’intérêt de l’État étant mis à couvert par l’examen final qui garantit que l’étudiant aura suivi les leçons nécessaires pour obtenir un caractère public, on ne voit pas pourquoi l’État exigerait des jeunes gens de commencer par un cours plutôt que par un autre. Ce serait une gêne inutile et sans objet.

Mais, dira-t-on, il y a un intérêt public ou au moins un intérêt scientifique à ce que ces jeunes gens soient dirigés de manière à leur faire perdre le moins de temps possible, et à les guider dans une route où les plus ardents et les plus laborieux peuvent le plus aisément se fourvoyer ?

Rien de plus louable que cette théorie, assurément, mais il ne faut point s’imaginer qu’on ait en ce point d’autres idées en Allemagne. Tout au contraire, l’État, les Facultés, les savants,

sont perpétuellement occupés à chercher les moyens de donner aux études et aux étudiants la meilleure direction possible. Cette

  1. Sur le moyen simple et facile de réaliser cette grande réforme sans grever le budget, voy. infra, § 4 et 5.