Page:Laboulaye - Locke, législateur de la Caroline.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mariages, les décès, les transmissions et les obligations de propriété.

Le gouvernement des villes était modelé sur les libres municipalités d’Angleterre. L’administration de la cité future était remise à un maire, secondé par douze aldermen et un conseil de vingt-quatre membres. C’était beaucoup pour des villages qui de longtemps ne comptèrent une centaine d’habitants.

Je remarque encore dans l’organisation du jury un principe que nous avons adopté, mais qui est contraire à l’esprit de la loi anglaise, et qu’elle a toujours repoussé : c’était la majorité qui faisait le jugement. En Angleterre, où, a la différence de notre pays, la loi se préoccupe plus de l’intérêt de l’accusé que de l’intérêt de la société, car il a plus besoin de protection, pour la condamnation il faut l’unanimité du jury. On tient qu’en matière politique surtout, la liberté est en danger si la majorité peut prononcer l’arrêt, et qu’en présence d’un pouvoir qui peut séduire ou menacer, c’est d’une faible minorité seulement qu’on peut attendre l’indépendance et la fermeté. Les Américains, aussi jaloux de la liberté politique que les Anglais, ont conservé ce principe qui, je l’avoue, me semble prêter à la discussion, et qui d’ailleurs conclut plutôt à une majorité considérable qu’à l’unanimité.

Enfin, la Charte promettait la liberté de religion à tous, juifs, païens, ou dissidents[1] ; mais (et Locke n’était pas blâmable en ce point, car c’est malgré lui qu’on avait refusé l’égalité des cultes) ce n’était que de la tolérance. L’Eglise établie était déclarée seule nationale et orthodoxe, et seule devait être entretenue par la colonie au moyen de conces-

  1. Bancroft, II, 117.