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unité presque impossible sans un gouvernement central, ce sont là des bienfaits dont nous jouissons sans en sentir tous les avantages. Mais je me rappelle qu’il y a quelques trente ans, comme je voyageais en Allemagne avant l’union de douanes, il m’est arrivé dans la même journée de rencontrer trois douanes, ce qui veut dire qu’il fallait décharger la voiture six fois, trois fois à la sortie et trois fois à l’entrée des petits États que je traversais. J’ai compris alors les douceurs de l’unité des tarifs.

Il en est de même de la monnaie. Il y en a peut-être parmi vous qui ont été en Suisse avant la réforme de la monnaie ; chaque fois qu’on y changeait de canton, la monnaie changeait. Il m’est arrivé de faire un jour une excursion de Zurich à Horgen, c’est-à-dire de traverser le lac ; le billon qu’on m’avait donné à Zurich n’était plus reçu de l’autre côté de l’eau. L’écu de six livres, la couronne, était la monnaie qu’on recherchait le plus quand on faisait un voyage en Suisse, parce que c’était celle qui avait cours partout. Mais, dans la même journée, j’ai vu l’écu de six livres varier trois fois de valeur selon les endroits. Cela n’avait sans doute pas beaucoup d’importance pour un touriste. Dans cette grande exploitation des voyageurs par les aubergistes, deux sous de plus ou de moins sont chose insignifiante ; mais c’est beaucoup pour des commerçants.

En Amérique s’il y avait uniformité de monnaie, il y avait des différences infinies dans les tarifs. Chaque État les réglait à son gré, et ces gênes excessives furent