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Ainsi, dans la constitution polonaise, c’était un axiome reçu que chaque nonce avait le pouvoir, non-seulement d’opposer son veto aux décisions de la diète, mais de la dissoudre. Ces deux mots : Sisto activitatem, suffisaient pour que la diète fût rompue ; le caprice ou la vénalité d’un homme pouvait tout entraver. Lorsque se fit l’élection de Michel Koributh, tout le monde dans la diète était d’accord, excepté un nonce ; lui seul empêchait l’élection. On trouva un moyen tout simple d’en finir sans toucher à la constitution : les Polonais tirèrent leurs sabre et mirent l’homme en morceaux. De cette façon on eut immédiatement l’unanimité. Cette anarchie légale dura jusqu’à la fin de la Pologne. Dans les derniers temps de leur existence nationale, les Polonais cherchèrent à réformer ces déplorables institutions. Ce fut la pensée du roi Poniatowski et des princes Czartorisky ; ils tâchèrent de supprimer le liberum veto, pour que la nation pût vivre ; aussi lors du premier partage de la Pologne, les trois mauvais génies qui firent ce vol eurent bien soin d’exiger dans la constitution qu’ils accordèrent à la Pologne, ainsi diminuée, que le principe républicain fût conservé. Trois despotes infligèrent à la Pologne ce républicanisme exorbitant qui la condamnait à périr[1].

Voilà où peut mener l’absence d’un pouvoir législatif et d’un pouvoir exécutif bien constitués.

Quant à l’unité de monnaie et de tarifs commerciaux,

  1. Voyez, dans mes Études contemporaines sur l’Allemagne et les pays slaves, l’article intitulé : Le premier partage de la Pologne.