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à l’Amérique qu’elle n’aurait un gouvernement bien constitué que lorsque ce gouvernement aurait le droit de lever des troupes et de les payer, par conséquent le droit de percevoir des impôts. Ce fut la grande question qui occupa les fondateurs de la constitution. Ainsi, la représentation au dehors, l’armée, la marine, les finances, voilà les quatre grandes attributions qu’il fallut reconnaître au gouvernement de l’Union.

Quant au pouvoir intérieur, dans les premiers temps, on ne s’en inquiéta guère ; chaque État s’imaginait qu’il pourrait se gouverner lui-même. On s’aperçut bientôt qu’il fallait encore donner au gouvernement fédéral un certain pouvoir exécutif et même législatif, et que, sans ces deux pouvoirs, il n’y avait pas de sécurité possible pour la confédération. Les États pouvaient se quereller et se battre ensemble à coups de fusil, à coups de tarifs ; qui maintiendrait la paix intérieure ? On chercha donc à constituer une autorité fédérale, supérieure aux États, tout en respectant leur indépendance intérieure, et on arriva à des résultats très-dignes d’attention.

Cette question de la bonne ou de la mauvaise constitution du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif dans une confédération ne nous touche guère ; mais si quelques-uns d’entre vous étudiaient l’histoire de la malheureuse Pologne, ils verraient comment un noble peuple s’est perdu par l’absence d’un pouvoir législatif et d’un pouvoir exécutif bien constitués. La Pologne a péri non par l’incapacité de ses habitants, mais par l’impuissance de ses institutions politiques.