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gation civile par cette marque de confiance, j’aurai toujours présent à l’esprit que l’épée a été notre dernier recours pour défendre nos libertés, et que c’est la première chose que nous déposerons quand ces libertés seront établies. »

Des deux parts la confiance était belle ; mais un régime qui pousse à l’usurpation est jugé. Comme le dit Byron, Washington a été le premier à donner cet exemple et le dernier, ajoute-t-il. Le dernier c’est beaucoup dire, l’histoire n’est pas finie ; mais enfin il sera toujours dangereux pour un peuple d’oublier le jugement de lord Byron.

Si la situation militaire était mauvaise, la situation financière ne valait pas mieux. On n’avait pour toute ressource que des assignats émis par le Congrès et qui devaient être remboursés par les États. Or les États ne se soucièrent bientôt plus de rembourser ce papier. On put marcher de 1776 à 1778 avec la planche aux assignats par la raison que rien n’est agréable comme le commencement des assignats. Comme ils perdent peu à peu de leur valeur, sans qu’on s’en aperçoive, le prix des choses et des salaires s’élève peu à peu ; tout le monde a l’air de devenir millionnaire, il semble que chacun s’enrichisse. Aux États-Unis on est, aujourd’hui, dans cette illusion ; mais quand vient le quart d’heure de Rabelais, le moment où on échange le papier contre de l’or, on s’aperçoit de l’inanité de cette richesse. En 1777 on fut réveillé par la dépression des assignats, on marchait droit à la banqueroute.

Telles furent les expériences qui firent comprendre