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cutifs, législatif et judiciaire. Tout le reste n’est qu’une vaine curiosité. »

Je ne suis point de cet avis ; je crois que nous sommes intéressés à l’examen de cette question, plus que nous ne l’imaginons.

Si l’unité seule faisait le bonheur des peuples, si la grandeur d’une nation tenait à la plus forte concentration du pouvoir, depuis longtemps tous les peuples seraient constitués en grandes monarchies. Mais il y a autre chose dans l’histoire que la question de savoir quelle est la meilleure manière de mettre dans les mains d’un homme ou d’un gouvernement toute la vie d’un pays. Il y a la question de liberté. Or, l’unité peut être tellement forte qu’elle ne laisse pas de place à la liberté. Je prendrai pour exemple la Russie. Ce devrait être le plus puissant et le mieux constitué des gouvernements, puisque la seule volonté de l’Empereur y fait loi, cependant nous voyons que ce gouvernement n’est pas le plus fort des gouvernements. Quand arrive la guerre, un pays libre comme l’Angleterre a tout à la fois plus de ressources, plus d’énergie, plus de force que la Russie.

D’un autre côté, si nous considérons les peuples qui ne connaissent pas la centralisation, nous trouvons en général des peuples municipaux qui n’ont rien de ce qu’il faut pour menacer leurs voisins en temps de paix, mais qui n’en sont ni moins riches, ni moins heureux, ni moins respectés. C’est la Hollande, la Suisse, l’ancienne Flandre, l’ancienne Venise, etc.

En un mot, partout où n’existe pas une trop forte