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enfin mise en activité, le 4 mars 1789, par l’ouverture du premier congrès fédéral, et le 14 avril par l’avénement de Washington à la présidence des États-Unis.

L’Amérique finissait sa révolution, l’année et presque le mois où nous commencions la nôtre, et elle finissait cette révolution par l’établissement d’une constitution à laquelle elle a dû soixante-dix ans de prospérité.

— « Étudier les origines de cette constitution, chercher comment on y a ménagé l’indépendance des États à côté de la suprématie du congrès, à quoi bon, dira-t-on ? Cela nous intéresse peu. Dieu merci ! nous avons conquis l’unité ; nos pères ont souffert cruellement pour la conquérir ; mais enfin, nous l’avons forte et puissante, et nous remercions chaque jour les rois et les ministres qui nous l’ont imposée. Les misères du passé ont fait la grandeur d’aujourd’hui. Nous avons même une philosophie de l’histoire en vertu de laquelle, plus un roi comme Louis XI a été perfide, plus un ministre comme Richelieu a été impitoyable, plus il a bien mérité de la patrie. Cette philosophie, stoïque pour les maux de nos pères, accorde à Louis XI comme à Richelieu une indulgence plénière ; ils ont été, il est vrai, cruels et sans pitié, mais c’était pour établir l’unité. Le succès les absout. Qu’avons-nous besoin d’étudier ce que souffrit l’Amérique pour passer d’une confédération faiblement organisée, à un gouvernement fortement constitué. C’est là une question sur laquelle il faudrait passer rapidement afin d’arriver à ce qui nous touche, le partage et l’organisation des pouvoirs exé-