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Voilà un peuple qu’il est très-intéressant d’étudier. Manger de la viande, lire par-dessus le marché et pratiquer la liberté, ce sont trois bonnes choses. Puissions-nous en faire notre profit !

Je prévois une dernière objection. Supposons, me dira-t-on encore, que vous ayez répondu d’une manière satisfaisante à toutes les difficultés qui vous ont été proposées, qu’avez-vous montré ? Que la constitution américaine est une fille de la constitution anglaise, et qu’elle convient à la race anglaise. Cela prouve-t-il qu’elle convienne à des Français ?

C’est toujours la question des races qui reparaît. Vous rappelez-vous ce que devint la Californie quand l’or y fut découvert ? Il y eut alors, de tous les pays de l’Europe et de l’Asie, un entraînement général vers ce pays.

Nécessairement, ce furent surtout des coureurs d’aventures qui abondèrent en Californie ; il faut reconnaître que sa première population fut un peu comme la première population de Rome. Ce n’était pas une élite. Il y avait là des gens de toutes les nations, jusqu’à des Chinois. Chaque matin, notre journal nous félicitait de ne pas ressembler à ces malheureux Californiens qui ne pouvaient sortir dans les rues de San Francisco qu’un revolver à la main. Qu’est-il arrivé ? Que la Californie est aujourd’hui un des pays les plus heureux, les plus libres et les mieux gouvernés du monde.

Il est venu là un certain nombre d’Américains ; ils ont colonisé de suite, à leur façon. Coloniser un pays, pour les Français, c’est y mettre des soldats, des pré-