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eux-mêmes : nous allons mettre sur vous un impôt direct pour vous faire reconnaître la supériorité du parlement. Les Américains n’examinèrent pas quel serait le chiffre de l’impôt. C’étaient des Anglais, et la première chose pour un Anglais, c’est que, comme c’est lui qui paye l’impôt, lui seul a le droit de dire ce qu’il doit payer. Tout Anglais a lu Locke et répète avec le philosophe : « Si vous pouvez me prendre un penny sans mon consentement, vous pouvez m’en prendre dix ou cent ; mais alors ma propriété n’est plus ma propriété, elle est la vôtre. »

Les Américains répondirent au gouvernement anglais : « Nous ne vous donnerons pas l’argent que vous nous demandez à titre d’impôt ; nous vous le donnerons, si vous voulez que nous le votions dans nos Assemblées, mais nous ne reconnaîtrons jamais que nous puissions être imposés par vous ; car nous ne sommes pas représentés au parlement ; » Pas de représentation, pas d’impôt, ce fut leur devise, et ils étaient, notez-le bien, dans une si grande communauté d’idées avec les Anglais, que le grand lord Chatham, que Burke disaient : « L’Amérique a raison, car le jour où nous aurons taxé les colonies sans leur consentement, il se trouvera un ministre logicien, comme ils le sont tous, qui conclura : Si on taxe les enfants sans leur consentement, il n’y a pas de raison pour ne pas taxer aussi les parents sans leur aveu. » Voilà pourquoi l’Amérique s’est révoltée. Ce sont les libertés anglaises qu’elle a défendues en s’insurgeant.

Que reste-t-il donc de toutes ces objections ? Que la