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veau. L’Amérique, au commencement du dix-septième siècle, n’était qu’un désert sillonné en tous sens par les Peaux-Rouges ; ce sont des Anglais venus d’Europe qui ont apporté sur une terre nouvelle une antique civilisation.

Dira-t-on que ce n’est pas ainsi qu’on l’entend, et qu’un peuple nouveau est celui qui sort du mélange d’autres peuples ? Ainsi nous savons que les Romains étaient de source latine, mais qu’à l’élément principal s’étaient mêlés des éléments sabins et étrusques. Et si demain des lois uniformes réussissaient à fondre ensemble toutes les populations européennes, ne sortirait-il pas de ce mélange un peuple qu’on pourrait appeler nouveau, bien que l’histoire pût reconnaître les éléments qui auraient formé cette nation européenne ?

Le raisonnement est juste ; mais l’Amérique ne présente rien de semblable. L’émigration anglaise a eu lieu à la fin du dix-septième siècle ; les colons appartenant à d’autres races n’ont afflué dans ce pays, en nombre considérable, qu’après la guerre de la liberté. C’est depuis 1820 seulement que les émigration allemande, irlandaise, sont venues introduire un sang nouveau dans les veines du peuple américain, en apportant chaque année dans le nouveau monde un flot de deux à trois cent mille personnes. Mais quand on a fait la constitution, en 1787, il n’y avait réellement en Amérique qu’une population anglaise. Sans doute il y avait un certain nombre d’étrangers. Des réfugiés Français, des Hollandais établis à New-York, quelques Suédois, un certain nombre d’Allemands, étaient venus