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exécutif le moyen de détruire la constitution elle-même. On a tiré une ligne géographique au travers de l’Union, et tous les États au Nord de cette ligne se sont unis pour élire à la haute fonction de Président de l’Union un homme (Abraham Lincoln) dont les opinions et les intentions sont hostiles à l’esclavage. On va le charger d’administrer l’Union parce qu’il a déclaré que ce gouvernement ne peut pas toujours durer moitié libre et moitié esclave, et que l’opinion compte enfin que l’esclavage va s’éteindre.

« Le 4 mars 1861, ce parti prendra possession du Gouvernement… Les garanties de la constitution n’existeront plus ; l’égalité des États sera détruite. Le Gouvernement fédéral sera devenu l’ennemi des États possesseurs d’esclaves… Tout espoir de conciliation est perdu, car l’opinion publique dans le Nord a donné à une grande erreur politique la sanction d’une croyance religieuse encore plus erronée.

« Nous donc, le peuple de la Caroline du Sud, en appelant de la rectitude de nos institutions au Juge suprême de l’univers, nous déclarons solennellement que l’union jusqu’ici existante entre nous et les autres États de l’Amérique du Nord, est dissoute, et que la Caroline du Sud reprend sa place au milieu des nations comme État séparé et indépendant[1]. »

Et maintenant, renvoyez-les à la Déclaration de la Caroline, ceux qui vous diront que l’esclavage n’est pas la cause réelle de la séparation.

Je ne prolongerai pas cette discussion ; j’en ai dit assez pour prouver que la constitution n’est pas la cause de la dissolution de l’Union, et qu’elle surnage au-dessus de tous les partis. En voulez-vous une dernière preuve ? La voici :

  1. Bacon’s Guide to American politics, Londres, 1863, p. 54.