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Voilà ce que je nie. En 1788, le Sud a adopté la constitution sans esprit de retour. Nous avons vu qu’elle a été faite pour et par le peuple américain ; que Patrick Henry se plaignait qu’on lui eût imposé une union au lieu d’une confédération ; et si vous voulez lire les solennels adieux de Washington, vous y verrez que l’Union est le palladium de la liberté, que quiconque osera l’attaquer doit être déclaré traître, que là est le salut de l’avenir ; en d’autres termes, que la constitution a été faite par et pour un grand peuple, tout aussi patriote et tout aussi amoureux de l’unité nationale que le sont les Français et les Anglais. Quel est donc, sur le nouveau continent, l’homme qui ne se glorifie d’être citoyen américain ?

J’ai voulu aussi, je l’avoue, rendre justice à des institutions admirables, à la durée desquelles nous avons plus d’intérêt que nous ne pensons. On parle de la solidarité des peuples, j’y crois beaucoup. Ce n’est pas que je pense que nous devions être constamment en guerre pour tous les peuples du monde ; mais je sens que nous sommes solidaires du bien qui élève et du mal qui accable les autres nations. Nous souffrons quand le despotisme grandit dans un pays et que la liberté faiblit dans un autre. Il est impossible que la Russie soit un pays despotique sans que l’Allemagne ne soit menacée, et qu’en France la liberté ne s’en ressente ; et il est impossible qu’il y ait par delà les mers un grand pays de trente millions d’habitants qui jouisse de la liberté sans que l’Europe n’en éprouve le contre-coup. Dans un siècle de publicité, croyez-vous