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On n’avait pas songé à l’égalité possible des suffrages ; il suffisait cependant que les mêmes électeurs s’accordassent sur deux noms, pour que les deux candidats eussent le même nombre de voix, sans qu’on pût distinguer à qui appartenait la primauté. C’est ce qui arriva en 1801 pour Jefferson et Aaron Burr. Suivant toute apparence, c’était Jefferson qu’on avait voulu nommer président ; mais en droit, il n’y avait pas d’élection, chacun des candidats ayant réuni le même nombre de voix, et chacun ayant la majorité légale. C’était à la Chambre des représentants que revenait l’élection. Les partis étaient très-animés, ce fut à qui ne céderait pas. Il fallut trente-six tours de scrutin pour décider que Jefferson serait président. Pour éviter le retour d’une semblable difficulté, on fît un amendement pour décider qu’on voterait par scrutin et par bulletin séparé pour la nomination du président et pour celle du vice-président. C’est là le dernier amendement qu’on ait fait à la constitution.

Il est probable que nous sommes destinés à en voir d’autres. Aujourd’hui il y en a un qui est demandé par tout le monde : c’est l’abolition de l’esclavage[1]. En outre, un jour ou l’autre, il est possible qu’on prolonge la durée des fonctions du président, en le déclarant non rééligible, comme on l’a fait dans les États confédérés. Il y a eu de tels abus, sous le général Jackson, qu’il sera, je crois, très-sage d’imiter ce qu’on a fait dans la confédération du Sud, d’élire le pré-

  1. Il a été volé par le Congrès et adopté par le pays en 1866.