Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/565

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ainsi un pouvoir absolu ; vous admettez que toutes les usurpations qu’ils peuvent se permettre sont l’expression de la volonté populaire. Aussi quand vous défendez la liberté de votre conscience, vos libertés individuelles, on vous dit : « la nation veut cela, » et ce mot vous écrase. Non, il n’est pas vrai que la nation veuille cela ; les représentants ne sont pas la nation, ils sont les mandataires de la nation : À ce titre il faut les charger d’exercer une certaine portion de pouvoir ; mais leur donner une autorité illimitée, c’est constituer le despotisme, et le despotisme législatif n’est qu’une des plus mauvaises formes de la tyrannie. C’est la tyrannie sans responsabilité.

Vous voyez comment ce droit de la souveraineté populaire, placé sous la garantie de la constitution, est fait pour que chaque député se tienne dans ses devoirs et n’oublie jamais qu’il est le mandataire de ses électeurs.

Il est très-commode de dire : « Je suis le député de chaque électeur pris individuellement, donc je suis le souverain. » C’est l’histoire de la servante du curé qui dit le premier mois : « les poules de M. le curé ; » le second mois : « nos poules, » et le troisième : « mes poules. » En Amérique, il faut toujours dire : « les poules de la nation. »

Tels sont les dix amendements qui furent ajoutés à la constitution en 1789, et adoptés en 1791.

Depuis lors il y a eu deux autres amendements faits à la constitution. Il y en a un qui fut proposé en 1794 et adopté en 1798. L’autre est de 1802.