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fédérale déclarerait la loi contraire à la constitution ; mais, quant aux mesures répressives, il en existe dans les États particuliers, et le Congrès pourrait faire une loi contre les excès de la presse sans sortir de son droit. La licence de la presse n’est pas la liberté de la presse : c’est au contraire le privilège de l’injure et de la calomnie, c’est un ferment de discorde, et à coup sûr un délit. Sur ce point, permettez-moi de faire une réflexion. Toutes les fois qu’on parle chez nous de liberté, il y a des gens qui s’écrient : Mais l’excès ! — L’excès n’est pas la liberté. — Mais où trouver le point de partage entre l’usage et l’abus ? — Ce point, on l’a cherché bien loin, il est près de nous : c’est la responsabilité. Otez la responsabilité, la liberté est pour chacun le droit de tout faire suivant son caprice, c’est la définition même de la tyrannie. La seule différence qui existe entre la tyrannie et la liberté, c’est que la tyrannie n’est pas responsable, et que la liberté entraîne la responsabilité.

Venait ensuite le droit de réunion et de pétition. Le droit de réunion existait aussi de vieille date en Angleterre ; de là il était passé en Amérique. En Angleterre, dès qu’on croit avoir à se plaindre, on s’assemble et on crie. Chez John Bull c’est affaire de tempérament. Quand il a bien crié, il se calme. Est-ce une maladie particulière au peuple anglais et au peuple américain ? La chose, au contraire, me paraît toute naturelle. Je crois qu’il en est ainsi chez tous les peuples. N’avez-vous pas remarqué que lorsqu’une personne a du chagrin, lorsqu’une femme a perdu son mari, par exemple, il vient toujours une foule de bonnes amies qui s’efforcent