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tionner le gouvernement pour lui demander le redressement de ses griefs. »

Ainsi liberté des Églises, liberté de la presse, droit de réunion, droit de pétition, voilà quatre droits que le peuple américain met en dehors de l’action gouvernementale ; on n’y peut toucher sous aucun prétexte. La liberté religieuse est la première, et, sur ce point, je crois que les Américains ont bien raisonné. Déjà la constitution avait décidé qu’il n’y aurait pas, comme en Angleterre, ce qu’on appelle le Test. Vous savez que, jusque dans ces derniers temps, pour être membre du parlement anglais, il fallait prêter serment à la suprématie religieuse de la reine, et que même, il y a à quelques années, il fallait communier selon le rite de l’Église anglicane pour avoir part au gouvernement. Les Américains avaient écarté cela. Ils se souvenaient de leur origine. Ils avaient quitté l’Angleterre pour fuir une Église établie, et, en consultant leur propre histoire, ils pouvaient voir qu’arrivés sous un climat nouveau, ils avaient été oppresseurs et bourreaux, après avoir été victimes et martyrs. On ne voulait plus d’oppression religieuse d’aucune sorte ; mais ce qu’on voulait et par-dessus tout, c’était mettre l’État hors de la religion, la religion hors de l’État, de façon qu’aucune secte ne pût avoir d’influence politique. Ce n’était point par haine de la religion ni par indifférence, c’était au contraire par respect même pour la conscience et pour la religion, qu’on mettait l’Église en dehors de la politique. L’Église libre dans l’Etat libre est un mot nouveau en Europe ; mais