Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/549

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gouverner. En d’autres termes, la liberté individuelle, la liberté religieuse, le jury, le droit de réunion et de pétition, la liberté de la presse, sont, pour les Américains, des droits essentiels et inviolables. Le gouvernement est fait pour les protéger ; s’il ne peut vivre qu’en les violant, il n’est pas nécessaire qu’il vive. Le conserver en pareil cas, c’est, comme dit le poëte :


Et propter vitam, vivendi perdere causas.


Un peuple a donc le droit d’imposer au gouvernement certaines conditions qu’il est tenu de respecter.

Dans toutes les constitutions particulières des États, on avait inséré des bills des droits cela manquait à la constitution fédérale. Certaines personnes s’opposaient à cette déclaration, disant que c’était chose inutile, que la constitution la supposait. D’ailleurs on était dans une république où le peuple est souverain, et non pas dans une monarchie où cette déclaration a pour objet de lier la royauté. Il n’y avait pas de précautions à prendre contre la république. Les Américains répondaient que l’oppression des parlements était aussi redoutable que celle des rois, qu’il y en avait des exemples dans l’histoire, et que c’était contre l’oppression des majorités qu’il fallait prendre des précautions. L’observation était juste, on en tint compte.

Le second point qui intéressait l’indépendance des États fut aussi soutenu avec beaucoup de vivacité ; mais la question s’agrandit bientôt. Ce n’étaient pas seulement les États qui entendaient faire déclarer que tout ce qui n’avait pas été délégué de pouvoirs au Con-