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Comme l’Union est une association d’États, et que le Sénat est le représentant de ces États, ils ont exigé l’insertion de cette clause qui protège leur indépendance locale. Je vous ai fait remarquer que le petit nombre des sénateurs, et l’organisation particulière du Sénat avaient produit des effets excellents ; il est donc peu probable qu’on touche de longtemps à cette partie de la constitution.

On fit usage de ce droit d’amendement dès le premier Congrès de 1789. Nous avons vu, à notre dernière réunion, que la constitution n’avait pas été adoptée sans difficulté, et que, parmi les reproches qui lui étaient faits, il y en avait deux qui avaient été articulés presque partout. En Virginie, à New-York comme dans le New-Hampshire, on avait dit : « Il manque à cette constitution deux choses : une déclaration des droits, et la réserve des droits des États, une clause qui constate que le Congrès n’a que des pouvoirs limités. » La déclaration des droits était populaire chez les Américains. Vous soyez qu’en Angleterre, un siècle avant notre révolution, en 1689, on fit un bill des droits ; nos déclarations des droits ne sont pas une invention française, mais une imitation assez mal faite de ce bill de 1689.

Les Américains y tenaient donc, ils y attachaient une idée très-juste : c’est qu’il y a certaines libertés qu’on ne peut remettre au pouvoir, parce qu’elles sont la condition même de l’existence des sociétés, du développement et du bien-être des individus. Si vous ne pouvez gouverner en les respectant, ce n’est pas la peine de