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veau s’établir, pleine de foi dans l’homme chargé de ses destinées, et Washington fut installé. L’Amérique finissait sa révolution au moment où la France commençait la sienne.

Quand Washington eut prêté serment, il se rendit devant le Sénat. Dans la salle du Sénat étaient réunis aussi les représentants. Le général prononça un discours, ou, comme on dit, une adresse d’inauguration qui a été peu remarquée par les historiens. Il y a, en effet, de si beaux discours de Washington, ses adieux en quittant l’armée, son adresse en descendant du pouvoir, que c’est toujours là qu’on va chercher sa pensée. Cependant ce discours est remarquable, surtout quand on le lit comme nous pouvons le lire aujourd’hui, en songeant à toutes les discussions qui avaient agité la Convention, aux crises qu’on avait traversées, et combien la constitution était encore débile. C’était un enfant qui avait besoin de grandir, et dont la vie était encore en danger. Voici ce discours ; il a une teinte religieuse, comme celui de Franklin, et ce n’est pas là chose commune dans les œuvres de Washington. C’était une âme religieuse, mais qui, par une pudeur naturelle, aimait peu à faire parade de ses sentiments, et ne connaissait pas cette religiosité fort à la mode aujourd’hui, qui nous fait trouver de la religion dans une foule de choses qui n’ont rien de commun avec elle.

« Mon premier acte officiel sera d’adresser une prière fervente à l’Être tout-puissant qui gouverne l’univers, qui préside aux conseils des nations, et dont le secours providentiel