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L’assemblée était agitée par la parole d’un homme qui avait été un véritable patriote, et qui avait risqué sa vie pour son pays. Madison est un de ceux qui contribuèrent le plus à calmer les esprits. Dans un très-beau discours que je regrette de ne pouvoir vous lire, il discute pièce à pièce la constitution ; il s’adresse à la raison de ses auditeurs ; il démontre qu’on peut modifier la constitution, et qu’il sera sage de la modifier par certains amendements, mais qu’il faut l’adopter si l’on veut sauver la patrie. Toutefois, ce fut une proposition de M. Wythe qui emporta le vote, une de ces propositions moyennes qui entraînent toujours les assemblées. Wythe, se plaçant entre les deux opinions opposées, proposa d’adopter la constitution, mais en déclarant dans un préambule que les pouvoirs accordés étaient le pouvoir du peuple, et que tout ce qui n’était pas expressément accordé était expressément réservé ; les pouvoirs délégués ne pouvaient s’étendre plus loin que la délégation. Grâce à cette transaction et aux efforts de Madison, de Marshall et de Randolph, l’assemblée, à la majorité de cinq voix, se décida à adopter la constitution.

Vous voyez comment cet acte, considéré aujourd’hui comme le symbole de l’Amérique, a été reçu partout avec peine, combien il a fallu faire de sacrifices, ce qui prouve que l’impression du premier moment n’est pas toujours la meilleure garantie que les législateurs aient raison.

Le vote de la Virginie décida la question. Dix États avaient adopté la constitution. Cela emporta l’adhé-