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remuer les cœurs. À ceux qui défendent l’ordre, on peut dire que la liberté est compromise ; à ceux qui défendent la liberté, on répète que l’ordre est en danger. Mettez ces lieux communs dans la bouche d’un homme éloquent et impétueux, vous agiterez une assemblée de façon à lui arracher un vote, dont plus tard et de sens rassis elle rougira.

Parmi les discours de Patrick Henry à la Convention, il en est un auquel les circonstances actuelles donnent une importance particulière. Patrick Henry accusait la constitution d’être ce qu’il appelait un gouvernement consolidé, de ne pas être une confédération. C’était la grande objection des gens du Sud, et cette objection, selon moi, était fondée. On marchait résolument au sacrifice des intérêts particuliers pour établir un gouvernement central. Or, par une fortune étrange, soixante-dix ans plus tard, quand le Sud s’est séparé, il a prétendu qu’il avait le droit de se séparer ; que l’Union n’avait jamais été qu’une confédération ; que les États n’ayant jamais abandonné leur souveraineté, pouvaient la reprendre. Si bien qu’à soixante-dix ans de distance, le même parti a attaqué la constitution par les deux côtés opposés, et que, pour répondre aux gens du Sud, il suffit de leur opposer les propres discours de leurs orateurs d’il y a soixante-dix ans.

Voici ce discours de Patrick Henry, qui devait faire beaucoup plus d’impression sur le peuple qu’il n’en peut faire sur des esprits éclairés et réfléchis.

Quand Démosthène résumait toutes les qualités de l’orateur dans ces mots : l’action, toujours l’action, il