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rien sacrifier de ses droits. C’était la preuve d’un patriotisme éclairé. On acceptait la constitution, mais on proposait des amendements ; on faisait ainsi la part de la liberté. Hancock s’attacha à cette idée, et bientôt il réunit autour de lui (il était gouverneur de l’État) un noyau d’hommes considérables qui prirent ce parti fort juste et fort bien calculé.

Deux points que nous voyons reparaître dans tous les amendements touchaient surtout les esprits : le premier, c’est qu’en faisant un gouvernement central, on entendait ne donner à ce gouvernement que des pouvoirs délégués. La constitution ne disait pas que les pouvoirs non délégués resteraient au peuple, on demanda que cet amendement fût introduit dans la constitution. On demanda, en outre, qu’un bill des droits réservât expressément les vieilles libertés anglaises. Le bill des droits de 1689 n’était pas moins populaire que la grande Charte, et l’Amérique entendait ne rien perdre des libertés que les colons avaient reçues de la mère-patrie. On disait : « Nous n’avons jamais entendu céder au gouvernement que ce qui lui est nécessaire pour marcher ; mais la liberté religieuse, mais le jury, mais la liberté de la presse, le droit de porter des armes, de nous réunir, nous n’entendons le céder à personne. Nous ne voulons pas de lois d’exception, de proscription, comme on en a fait en Angleterre. Nous demandons que tout cela soit réservé, et nous proposons autant d’amendements additionnels à la constitution. »

La demande était juste, mais l’admission préalable de