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gence de la politique est bien supérieure à ce qu’on aurait trouvé partout ailleurs, Hamilton, Jay et Madison discutèrent toutes les questions du jour, et montrèrent que l’intérêt évident du pays était d’adopter la constitution. Ce sont ces lettres qui, réunies plus tard en volume, formèrent ce qu’on appelle le Fédéraliste. Il y a là une entente si complète des conditions d’un gouvernement, que ce livre est resté le commentaire le plus éloquent et le plus fidèle de la constitution américaine. C’est, je ne crains pas de le dire, une des œuvres politiques les plus remarquables du dix-huitième siècle.

On l’a traduit en français en 1792, en un moment où tout le monde tournait le dos à la liberté ; aussi ce livre n’est-il point entré dans notre littérature politique, et c’est chose regrettable. Tout y est bon, et les idées, et l’exemple.

Hamilton se dévouait pour défendre une constitution qui n’était pas de son goût. C’est là quelque chose de fait pour étonner. Il n’y a que deux motifs qui aient pu le guider : l’un est l’ambition personnelle, l’autre un patriotisme qui faisait passer avant tout le salut du pays. Chez lui l’ambition personnelle était nulle, et, à vrai dire, on ne voit pas que l’ambition de s’élever ait joué un grand rôle en Amérique à cette époque. Il y avait des partis, mais des ambitieux pas beaucoup ; car les résultats qu’ils pouvaient espérer étaient plus que douteux. Hamilton n’avait qu’un mobile, le patriotisme. Il sentait qu’il y avait pour l’Amérique une épreuve décisive à tenter, il voulait qu’on la poussât