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« Monsieur, nous avons l’honneur de soumettre à l’examen des États-Unis, en congrès assemblé, la constitution qui nous a paru la plus recommandable.

« Instruits par l’expérience, les amis de notre pays ont désiré depuis longtemps qu’on remît pleinement et exclusivement au gouvernement général de l’Union le droit de faire la guerre, la paix et les traités, la levée des impôts, le règlement du commerce, le pouvoir exécutif et judiciaire, nécessaire à cette fin. Mais le danger de remettre à une seule assemblée un dépôt aussi considérable est évident. De là résulte la nécessité d’une nouvelle et différente organisation.

« Dans un gouvernement fédéral, tel que le nôtre, il est visiblement impossible d’assurer à chaque État tous les droits d’une souveraineté absolue, et en même temps de pourvoir à l’intérêt et à la sécurité de tous les États. En entrant en société, chaque individu doit céder une part de sa liberté pour sauver le reste. La grandeur du sacrifice dépend de la situation et des circonstances non moins que de l’objet qu’on veut atteindre. Il est toujours difficile de tirer une ligne exacte entre les droits qu’il faut abandonner et ceux qu’on doit réserver. Et, dans l’occasion présente, cette difficulté s’accroît par la différence de situation, d’étendue, d’habitudes, d’intérêts particuliers à chaque État.

« Dans toutes nos délibérations sur ce sujet, nous avons toujours eu devant les yeux ce qui nous a paru le plus grand intérêt de tout véritable Américain, la consolidation de l’Union, à laquelle est attachée notre fortune, notre bonheur, notre sécurité, peut-être même notre existence nationale. Cette importante considération, sérieusement et profondément imprimée dans nos esprits, a conduit chacun de nous dans la Convention à être moins rigide sur les points secondaires, qu’on ne s’y fût attendu en toute autre occasion. Ainsi, la constitution que nous vous présentons est le résultat de l’esprit d’amitié, de la déférence et des concessions mutuelles que notre situation exigeait impérieusement.