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l’imposer au pays. On ne songea pas davantage à demander au pays de voter cette constitution en bloc et sans examen. Un vote pareil est illusoire. Toutes les fois que vous placerez un pays entre l’inconnu et un gouvernement établi, quel qu’il soit, le pays répondra par une immense majorité qu’il accepte le gouvernement. Il n’y a pas d’exemple en France qu’on n’ait acclamé une constitution quelle qu’elle fût ; on a adopté ainsi à une grande majorité cette impossible constitution de 1793, dont la Convention elle-même avait ajourné l’exécution jusqu’à la fin de la guerre. En Amérique, on respecte le peuple ; on décida que la constitution lui serait soumise de façon à ce qu’il pût la discuter, faire toutes les observations nécessaires. On ne pouvait s’adresser au peuple en masse. Il était impossible de demander à deux millions d’Américains de donner leur avis ; mais on renvoya la constitution à chaque législature, à la représentation de chaque État. On pria chaque législature de nommer une convention spéciale dans laquelle cette constitution serait discutée. C’étaient donc treize conventions d’États qui devaient amender la constitution et y faire leurs objections. Il était évident qu’ainsi éprouvée, elle serait l’œuvre de l’Amérique tout entière. Pour faciliter ce vote, pour décider les Américains à adopter la constitution, la Convention y joignit une circulaire signée par Washington. Cette pièce est importante, je vous demande la permission de vous la lire ; elle prouve admirablement l’honnêteté de ceux qui voulaient fonder le nouveau gouvernement. La lettre est adressée au président du congrès.