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sident de la Convention, avait une si haute idée de l’impartialité nécessaire en un pareil rôle, qu’il n’avait jamais voulu se mêler à la discussion ; mais au dernier moment, il prit la parole pour dire qu’on avait propose de modifier un peu la loi électorale, de donner un député par trente mille électeurs au lieu de quarante mille, et que si on voulait adopter cet amendement, il en éprouverait une grande satisfaction. Vous voyez avec quelle discrétion, lui qui avait une autorité si grande, il intervenait dans le débat, tant il craignait que cette autorité ne prévalût sur la vérité ou sur les intérêts de son pays. Un avis donné avec tant de modestie fut adopté à l’unanimité, et la constitution fut considérée comme achevée.

Tous les membres de la Convention la signèrent, excepté trois : Randolph, qui s’était trop avancé en voulant qu’on la soumît à la décision populaire ; Mason de la Virginie, et Ellbridge Gerry, du Massachusetts, qui plus tard devait être vice-président sous l’empire de cette constitution qu’il croyait devoir mener l’Amérique à l’aristocratie.

Tout n’était pas fini. Nous avons en France un usage dont je vous ai signalé le danger. On nomme une Constituante, on lui délègue tous les pouvoirs sans esprit de retour, sans réserver au pays le moyen de contrôler le mandat qu’il a donné avec une grande légèreté et dans une heure d’entraînement.

En Amérique, pareille chose eût été considérée comme une usurpation de la souveraineté. On avait chargé une Convention de préparer une constitution, mais non de