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vers et des idées différentes, et toute transaction est un sacrifice.

Edmond Randolph, l’auteur du premier projet, déclara que la constitution ne le satisfaisait nullement, qu’il fallait la renvoyer au peuple, que le peuple y ferait des amendements, et qu’on discuterait de nouveau cette constitution amendée.

Charles Pinckney n’eut pas de peine à démontrer qu’adopter cette proposition, c’était retomber dans un désordre général. On était au lendemain de la révolte du Massachusetts ; on sentait qu’il fallait en finir, et, bonne ou médiocre, la constitution était l’ancre de salut. Aussi Franklin prononça-t-il ce discours que je vous ai lu, et où il insista sur cette vérité profonde : que toutes les fois qu’on assemble des hommes, on assemble avec eux leurs intérêts, leurs passions, leurs préjugés, et que demander à une assemblée quelle qu’elle soit une œuvre parfaite, c’est une chimère ; qu’il fallait donc se contenter de la constitution. Si elle n’était point parfaite, encore était-elle la meilleure possible dans la situation.

Gouverneur Morris se joignit à Franklin : Hamilton, dans un discours dont il ne reste malheureusement qu’un canevas incomplet, déclara à son tour que la constitution le satisfaisait peu ; il avait rêvé quelque chose comme la constitution anglaise ; mais il y avait un feu qui couvait sous la cendre, le feu de l’agitation et de la révolution : il fallait adopter le nouveau pacte si on ne voulait tomber dans l’anarchie. Enfin Washington lui-même prit la parole. Washington, pré-