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cains, un gouvernement consolidé. Il y avait dans les esprits une espèce d’abattement ; c’est alors qu’un homme, qui n’est pas précisément célèbre dans le monde par sa piété, quoiqu’il soit fort connu par son habileté, sa finesse, sa facilité à comprendre la vie, Franklin fut touché jusqu’au fond du cœur par les divisions qui menaçaient l’Amérique. Dans un moment d’inquiétude, ce patriotique vieillard demanda au congrès que désormais on ne tînt plus de séance sans adresser une prière à Dieu pour qu’il donnât l’esprit de concorde et d’union aux Américains. Voici le discours qu’il adressa aux membres de la Convention, discours remarquable, car il nous révèle un côté peu connu de l’âme de Franklin.

« Au commencement de notre lutte avec la Grande-Bretagne, quand nous sentions le danger, on priait chaque jour dans cette salle pour invoquer la protection divine. Nos prières ont été entendues, on les a exaucées. Nous tous qui avons été engagés dans le combat, nous avons éprouvé plus d’une fois que la Providence veillait sur nous. C’est à cette bonne Providence que nous devons de délibérer en paix sur les moyens d’assurer notre félicité à venir. Avons-nous oublié ce puissant ami ? J’ai vécu longtemps, et plus j’avance dans la vie, plus je vois des preuves évidentes de cette vérité que Dieu gouverne les choses humaines. Si un passereau ne peut tomber à terre sans sa permission, est-il probable qu’un empire puisse s’élever sans son appui ? Les saintes Écritures nous assurent qu’on bâtira toujours en vain, si le Seigneur n’y met la main. Je le crois fermement : je crois, que sans le concours du Seigneur, nous ne réussirions pas mieux dans notre construction politique que les constructeurs de la tour de Babel ; nous serons divisés par nos misérables intérêts de parti et de clocher, nos