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pouvoir exécutif ; il peut être déféré par la Chambre des représentants au Sénat, s’il y a quelque fait grave qui puisse amener sa destitution. Depuis la constitution, il y a eu seulement trois exemples d’un pareil procès, et un seul juge obligé de donner sa démission.

Quant au caractère et à la science des juges américains on n’en saurait faire trop d’éloges. J’ai déjà parlé du beau caractère de Marshall. Quant à la science, les Commentaires de Story sur le conflit des lois étrangères et sur la constitution sont de véritables modèles. On peut mettre ces écrits à côté de ceux des jurisconsultes romains. C’est la même méthode et la même sagesse. En Angleterre, du reste, on cite les reports des cours américaines, comme en Amérique on cite les décisions des juges anglais. Ce qui veut dire que si les juges américains n’ont pas la grande position des juges anglais, ils ont du moins le même caractère ; personne n’a jamais soupçonné l’intégrité et nié la capacité des juges de la Cour fédérale.

Ce grand principe de l’inamovibilité des juges n’a pas été adopté par tous les États particuliers, et n’est pas accepté par tous les partis. Jefferson, à qui on peut toujours faire remonter les mauvaises passions démocratiques, a toujours attaqué l’inamovibilité des juges[1]. Le peuple n’est souverain, pensait-il, qu’à la condition que tous les fonctionnaires reviennent à certaines époques devant lui. C’était là l’opinion de Jefferson, c’est celle de ces logiciens à outrance qui ne voient qu’un

  1. Story, § 1612, à la note.