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tionnaires, mais avec l’aveu du Sénat, et on a trouvé que l’intervention du Sénat était une telle garantie pour la bonne administration de la justice, que pour les fonctions de juges de district, dont la constitution ne disait rien, l’usage a décidé que le Sénat interviendrait. Il n’y en a pas un qui ne soit nommé par le président, mais de l’aveu du Sénat. Les juges fédéraux aux États-Unis sont donc tout à fait indépendants du peuple. C’est un grand avantage. La justice n’a rien de populaire, et le devoir d’un juge n’est pas de rechercher la popularité.

Cela n’a pas plu à la démocratie américaine, et dans les États nouveaux on a donné la nomination des juges locaux au peuple. Ces élections populaires, les Américains, qui sont retenus par le milieu où ils vivent, les déclarent bonnes en principe, tout en avouant qu’elles ont quelques inconvénients. Elles ont, en réalité, des résultats détestables. Il y a à cela une très-bonne raison. Justice et politique n’ont rien de commun ; les Américains ont, par un sentiment très-juste, décidé que leurs magistrats ne feraient pas partie de leurs assemblées ; et, dès qu’un homme est nommé juge, il se retire complètement de la vie active. Mais supposez un homme qui se fait nommer magistrat à l’élection, il faut qu’il fasse comme celui qui veut se faire nommer député ; il faut qu’il se livre à une foule de petites manœuvres, qu’il fasse ce qu’on appelle la cuisine électorale ; qu’il cause avec l’un, avec l’autre, leur demandant des nouvelles de l’enfant de la maison et du petit chien Brusquet, toutes choses que, jusqu’à