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tellement sûr, que Washington fit pour lui ce qu’il refusa de faire pour personne ; il lui communiqua tous ses papiers, et on doit à Marshall une Vie de Washington, qui a tout l’intérêt de véritables mémoires.

Marshall, qui fut nommé chef justice en 1801, et qui mourut en 1835 dans un âge très-avancé, était de cette école fédéraliste à laquelle appartenaient Washington, Hamilton et les patriotes qui voulaient l’unité nationale et la toute-puissance de la constitution. Pendant trente-cinq ans, il fut donc donné à John Marshall d’interpréter la constitution dans le sens de l’unité contre toutes les tentatives faites pour rompre le lien fédéral.

C’est là un service immense. Car, si l’Amérique est engagée dans une lutte terrible, c’est que depuis soixante-quinze ans elle a souvent trouvé parmi les présidents des États-Unis des hommes qui se sont donné la tâche d’amoindrir le lien fédéral, d’affaiblir l’unité. Ainsi Jefferson, Jackson, Buchanan, et bien d’autres ont passé du côté de la souveraineté des États et amené l’explosion que nous voyons aujourd’hui.

Pendant trente-cinq ans, au contraire, John Marshall a défendu l’unité, et, dans une foule de questions, il a rendu des décisions qui ont contribué à son maintien. C’est un des plus grands noms de l’histoire américaine, quoique ce ne soit pas un des plus éclatants.

Revenons à notre sujet. Je vous ai dit comment la Cour fédérale était composée, et comment elle jugeait ; voyons comment on en nomme les membres. La question de la nomination des juges est une grosse ques-