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ou telle loi est ou non constitutionnelle, placé entre deux lois, le bill voté par le congrès et la constitution, loi suprême du pays, que le peuple a acceptée comme le fondement de l’édifice politique, et à laquelle le pouvoir législatif est soumis, il les compare l’une à l’autre, et déclare que la loi fondamentale doit l’emporter. S’il trouve que la loi du congrès viole la constitution, il prononce pour la loi générale contre la loi particulière. Il n’y a là aucune cause de trouble, mais une des plus grandes causes de paix qu’on puisse trouver au monde. Pourquoi reproche-t-on aux Français de vouloir trancher toutes les questions par une émeute ? C’est qu’ils n’ont pas de confiance dans la justice politique. Ils savent trop que dans les trente ou quarante mille lois qui sont inscrites au Bulletin des Lois, on en trouvera toujours une qui décidera contre eux. En Angleterre, comme en Amérique, tout finit par un procès. Dans ces pays, l’on se dit : « Nous avons des juges, nous verrons qui a raison. » Malheureusement nous n’avons pas cette patience civique. Ainsi, en 1848, la question de savoir si on avait oui ou non le droit de faire des banquets devait se terminer par un procès, c’est ainsi que les choses se seraient passées aux États-Unis. En France, on a mieux aimé trancher la difficulté par une révolution. C’est un peu plus cher qu’un procès, et c’est la liberté qui en paye les frais.

Tel est le caractère du pouvoir judiciaire aux États-Unis. La constitution est une arche sainte où le peuple a déposé ses libertés afin que personne, fût-ce même le législateur, n’ait le droit d’y toucher. Les