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liberté. Eh bien, je crois que le plus grand service qu’on puisse rendre au pays, ce n’est pas de lui dire, comme en 1848, qu’avec une constitution on va changer la face des choses ; c’est surtout de lui faire comprendre que c’est d’abord à chacun des citoyens à faire ses affaires ; lorsque les citoyens sauront faire leurs affaires, celles de leur commune, de leur Église et de leur école, ils sauront faire celles de leur pays.

La liberté politique toute seule ressemble à nos arbres de liberté. C’est magnifique le premier jour ; on les plante tout venus, mais il n’y a pas de racines, et cela ne dure pas. Il faut, au contraire, que la liberté pénètre dans nos institutions et s’enracine dans nos âmes ; cela n’est l’œuvre ni d’un homme, ni d’un jour. Émanciper la commune, l’Église, l’école, la presse, habituer le pays à faire lui-même ses propres affaires, c’est une entreprise de longue haleine, et qui demande autant de résolution que de patience. Raison de plus pour nous mettre à l’œuvre et y travailler sans relâche, afin de laisser à nos enfants ce que nous n’avons pas trouvé dans l’héritage de nos pères : l’esprit de liberté.