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tion de l’Église à laquelle il appartient, et les femmes, qui dans notre pays ne comprennent rien à la politique, s’y trouvent habituées de bonne heure en s’occupant des affaires de leur Église, ce qui est quelque chose d’assez délicat, comme vous pouvez en juger si vous connaissez des dévotes.

À côté de l’Église parfaitement libre, qui est une organisation complète, il y a des écoles communes où tout le monde envoie ses enfants, où on leur donne une éducation solide et patriotique. Voilà donc tout un peuple qui sait lire, et à qui on apprend de bonne heure à aimer la patrie et à connaître la constitution. Ce peuple est habitué au self-government, c’est-à-dire à faire lui-même ses affaires dans la commune et dans l’État. Chacun est habitué à ne compter que sur soi-même. Qu’il faille construire un hospice, bâtir un pont, fonder une école nouvelle, ce sont les citoyens qui font cela ; ils ne vont pas demander au gouvernement de leur donner en aumône un peu de l’argent qu’ils ont versé dans le trésor public. Ils sont habitués à porter les armes, à se défendre eux-mêmes, et ne savent pas ce que c’est que des armées permanentes. L’Océan qui nous sépare nous divise moins que les institutions et les mœurs.

En France, nous ne sommes pas un peuple politique. Nous avons une armée admirable, mais l’esprit de l’armée c’est l’obéissance. Ce qui fait la noblesse du soldat, c’est qu’il sacrifie sa volonté pour être un instrument dans les mains du chef qui le dirige. Aussi les armées sont-elles habituées à trouver