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culpabilité. C’est une distinction admirable entre la justice politique et la justice criminelle, elle fait le plus grand honneur aux auteurs de la constitution.

Telle est l’organisation du pouvoir exécutif. Le président a un pouvoir effectif, mais limité par la durée et la responsabilité. Il n’y a pas d’exemple d’un président qui ait outrepassé ses pouvoirs. Il a tous les pouvoirs d’un roi constitutionnel, des pouvoirs même plus grands, mais en même temps une responsabilité prochaine, immédiate. En outre il vit au milieu d’un peuple qui connaît ses droits, et qui sait s’en servir.

Mais cette constitution peut-elle être imitée par d’autres peuples ? est-il probable que, transplantée en Europe, elle puisse donner les mêmes résultats ? Quand on étudie la constitution américaine, il ne faut jamais perdre de vue le peuple américain. Faire autrement, ce serait comme si on prenait un habit à un individu pour en habiller un autre ; encore faudrait-il savoir si les deux individus sont de même taille.

La société américaine pouvait constituer son pouvoir exécutif comme elle l’a fait, parce que cette société est organisée de telle façon, que le gouvernement fédéral n’a qu’une sphère des plus limitées. Administration provinciale et municipale, justice, éducation, religion, tout cela est en dehors de l’action gouvernementale. Qui s’en charge ? Le pays lui-même ! En Amérique, l’Église est complètement libre ; chaque individu est habitué à ne reconnaître entre Dieu et lui d’autre juge que sa conscience, chacun prend part à l’administra-