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à l’opinion, le jugement définitif remis au pays, n’est-ce pas là ce qui constitue la liberté politique ?

À son entrée en fonctions il prête serment, ou, si ses convictions religieuses lui interdisent le serment, il affirme qu’il défendra la constitution de l’Amérique. Mais qu’arriverait-il si, au lieu de gouverner en honnête homme il gouvernait criminellement ? si par exemple, pendant la courte durée de ses fonctions, il se faisait payer par les étrangers pour conclure un traité désavantageux à l’Amérique, ou si, pour préparer sa réélection, il faisait trafic de places ? En pareil cas il est responsable ; la loi de la république américaine est celle de toutes les républiques, elle ne connaît pas d’inviolabilité ; il n’y a que le gouvernement monarchique où il n’y ait pas de responsabilité du souverain ; aussi a-t-on établi la responsabilité des ministres. Lorsque personne n’est responsable, il n’y a pas de liberté pour les citoyens.

En Amérique, le président est donc responsable. Comment cette responsabilité peut-elle avoir une sanction ? Par une accusation de la Chambre des représentants, déférée au Sénat ; c’est ce qu’on appelle un empêchement. C’est le Sénat qui juge, comme en Angleterre la Chambre des lords ; mais, à la différence de la Chambre des lords, le Sénat ne prononce que la forfaiture ; il peut déclarer que le président cessera d’être président des États-Unis, et qu’il s’est rendu incapable d’occuper une fonction publique ; mais quant à la punition du crime, s’il y en a un, cela ne le regarde pas. Il n’y a que le jury qui puisse prononcer sur la