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supporter cette espèce de gouvernement personnel du président ; c’est que le pays vit en dehors de la présidence, et que ce gouvernement n’a aucun contact avec le citoyen.

Ajoutons à ces pouvoirs du président quelques autres attributions, bien placées du reste. C’est lui qui reçoit les ambassadeurs étrangers, qui, avec juste raison, a le droit de grâce, qui délivre les commissions aux officiers et les brevets pour toutes les fonctions. C’est lui, enfin, qui, en cas de nécessité, convoque le congrès ou même le Sénat seul[1].

Le président n’a pas l’initiative ; c’est le congrès seul qui propose, amende et vote les lois. Comment communique-t-il avec les chambres ? Par un message à l’ouverture de chaque session[2], et par des communications écrites chaque fois qu’il le juge convenable.

Ces messages forment une collection des plus curieuses pour l’histoire des États-Unis et pour l’histoire du droit constitutionnel. Je ne dirai pas, avec les éditeurs américains, que c’est le Manuel de l’Homme d’État (Statesman Manual) ; mais chacun de ces messages épuise le sujet, et habitue le pays à réfléchir et à prendre parti. C’est toujours à l’opinion que le président en appelle ; c’est elle qu’il prend pour juge quand il n’est pas d’accord avec le pouvoir législatif. L’appel

  1. Bayard, p. 115. — Sheppard, § 144.
  2. Les deux premiers présidents, Washington et John Adams, allaient en personne au congrès, et y lisaient leur message comme on lit le discours du trône en Angleterre ; ce fut Jefferson qui changea cet usage. — Sheppard, § 444.