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donner des avis dans toutes les affaires intérieures et extérieures. Cet attorney répond à ce que sont en Angleterre les conseils de la couronne. C’est une institution qui nous manque et qui me semble excellente. Toutes les fois que vous avez des difficultés avec l’étranger vous pouvez vous battre ; mais avant de vous battre, avez-vous raison ? Un ministre trouvera toujours qu’il a raison. En Angleterre, en Amérique, ce n’est pas ainsi qu’on envisage les choses. Il y a une question de droit, et il y a des personnes qui sont placées comme juges au-dessus des passions du moment. Quand on leur a demandé leur avis, on porte cet avis devant le Parlement qui, en général, le suit.

On a vu, dans les querelles de l’Amérique et de l’Angleterre, ces conseillers du pouvoir décider hardiment contre les passions du jour, et arrêter ainsi, dans leur germe, des querelles qui pouvaient amener une guerre entre les deux pays.

Voilà comment est composé le cabinet du président. Mais, remarquez-le bien, ce ministère n’agit qu’au dehors ; il n’a aucune action sur le peuple américain. La guerre et la marine, en temps ordinaire, sont peu de chose ; et quant au département de l’intérieur, il n’a aucune espèce d’administration au sens français ; il est chargé des brevets, des droits d’auteurs, des affaires indiennes, de la vente des terres, de la publication des documents officiels : c’est un bureau et rien de plus. Ajoutez qu’il n’y a ni ministère des cultes, ni ministère de l’instruction publique, du commerce, de l’agriculture, des travaux publics, et vous comprendrez comment l’Amérique a pu