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qu’en 1848 le président pouvait protester contre une loi, mais que la chambre pouvait passer outre. Faire donner le pouvoir à un homme par six millions de suffrages, pour qu’il soit entravé dans l’exercice de ses fonctions par une loi votée à la majorité d’une voix, cela était insensé. En Amérique, on ne tomba pas dans cette erreur ; on sentit que le pouvoir exécutif représente aussi le pays, et qu’il ne peut vivre que s’il a des garanties contre les envahissements du pouvoir législatif. Ces garanties, c’est ce que les Américains appellent le veto.

Suivant la constitution américaine, le pouvoir législatif n’appartient qu’au congrès ; mais on a voulu donner au président le droit de s’opposer à une loi qui lui semble mauvaise, et voici dans quelles conditions cette opposition a lieu.

En Amérique, comme en Angleterre, les lois sont soumises à trois lectures. La première fois, c’est le principe de la loi qu’on discute ; la seconde fois, on fait des objections de détail ; la troisième fois, on propose des amendements et on vote la loi. Cette troisième discussion ne se passe pas solennellement comme chez nous. Le président du congrès, le speaker, se retire ; on met au fauteuil, sous le nom de chairman, l’homme qui entend le mieux la question dont il s’agit, et on discute la loi comme une affaire, sans cet apparat qui paralyse chez nous les meilleures intentions.

La loi ainsi votée est envoyée à l’autre chambre, qui la discute de même, avec cette différence que le Sénat américain nomme une commission à la mode française.