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à l’homme d’argent la tentation de l’imiter. Quand le président se retire, par suite de ce même système de parcimonie, on ne lui donne aucune espèce d’indemnité. Il rentre dans la vie privée ; il n’y a pas de place qu’il puisse remplir, excepté peut-être une présidence dans une assemblée de son pays. Il n’a qu’un privilège fort honorable, privilège qui appartient exclusivement à lui et à sa femme : celui d’écrire en franchise sa vie durant. Cette ingratitude publique est encore un fort mauvais exemple ; car être obligé, comme Jefferson, de mettre sa bibliothèque en loterie, c’est une honte non-seulement pour celui qui en arrive là, mais pour le pays qui laisse son ancien chef tomber dans la misère. La pauvreté d’un Cincinnatus fait bien dans l’histoire, mais il y a quelque chose de plus beau et de plus moral : c’est l’exemple d’un pays qui comprend la reconnaissance, et qui récompense largement celui qui s’est usé au service de la patrie.

Quelles sont maintenant les attributions du pouvoir exécutif ? C’est encore là une question des plus délicates. Sur ce point, les Américains ont trouvé des solutions excellentes ; ils ont mieux résolu le problème que pour ce qui touche la nomination du président.

Parlons d’abord des rapports qui doivent exister entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Ici se présente la fameuse question du veto. Un pouvoir exécutif peut-il subsister s’il ne peut se défendre contre les empiétements du pouvoir législatif ? C’est une erreur en France de croire que le pouvoir législatif seul est le représentant du pays, et qu’il peut tout. Nous avons vu