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sonne. Quand on prononce un nom nouveau, qui peut en être envieux ? On ne le connaît pas. Au contraire, prononcez le nom d’un général distingué, d’un homme influent comme Webster ou Clay, aussitôt les haines de parti et les jalousies personnelles s’éveillent. Aussi, les hommes politiques considérables ont-ils renoncé, aux États-Unis, à arriver à la présidence ; ils font élire à leur place des inconnus, pour être les premiers ministres de ces inconnus. C’est là un grave inconvénient.

Si le vice-président n’a pas eu la majorité, ce n’est pas la Chambre des représentants qui fait l’élection, c’est le Sénat. Le Sénat choisit entre deux noms, chaque sénateur votant pour son propre compte. On ne vote pas par État, comme cela a lieu dans l’autre chambre pour la nomination du président[1].

Parlons maintenant du traitement du président. C’est encore un sujet intéressant ; car, suivant que ce traitement est plus ou moins considérable, plus ou moins bien établi, le président a plus ou moins d’autorité, plus ou moins de liberté. Celui qui nous paye a toujours une influence sur nos actions. En règle générale, il est dangereux de mettre le pouvoir exécutif à la disposition d’autrui. C’est pour cela qu’on a établi dans les monarchies une liste civile considérable, de façon à ce que le souverain n’ait rien à craindre ou à espérer des députés ni de personne. Aux États-Unis, on attri-

  1. Le rôle que les représentants au congrès, députés ou sénateurs, peuvent jouer dans l’élection du président, les a fait déclarer incapables d’être électeurs présidentiels.