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le peuple s’enthousiasme pour un nom. D’un autre côté, remettre l’élection au Corps législatif, c’est trop affaiblir le pouvoir exécutif. S’il est nommé par une assemblée, il est nommé par une majorité qui n’est qu’une petite minorité de la nation, par une coterie. On en arrive ainsi à des intrigues, à des coalitions, à l’affaiblissement du pouvoir exécutif. D’ailleurs, ce pouvoir exécutif n’aurait pas de force, il serait trop inférieur au pouvoir législatif. Mais comment trouver un milieu entre la nomination par le peuple et la nomination par les chambres ?

On voulut faire une élection du président où le peuple eût part, et où cependant il n’eût pas une action trop directe, et on arriva ainsi à l’élection à deux degrés. La constitution décide que l’élection du président sera faite par des électeurs nommés tout exprès pour choisir le président, et qu’il y aura par chaque État autant d’électeurs présidentiels qu’il y aura de représentants et de sénateurs au congrès fédéral. En d’autres termes, on voulut donner à chaque État la même influence sur la nomination du président que sur les autres affaires générales du pays. Ainsi, aujourd’hui, je crois qu’il y aurait deux cent quarante et un représentants et soixante-dix sénateurs pour trente-cinq États, si tous les États étaient représentés au congrès. Cela fait donc trois cent onze électeurs répartis dans tous les États[1] ; si bien que les plus petits États, Rhode-Island, le Delaware, ont au moins chacun trois électeurs présidentiels.

  1. National Almanach, 1864, p 71.