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Mais un étranger devenu citoyen, et qui serait né sur le sol américain, serait aussi dans les conditions requises pour être élu.

Il faut de plus avoir trente-cinq ans : c’est une condition de maturité qui n’a rien d’excessif.

Mais pourquoi a-t-on exigé quatorze ans de résidence aux États-Unis ? C’est parce qu’on ne veut pas qu’un homme soit devenu étranger à son pays par une longue habitation au dehors. Du reste, il s’agit là d’un établissement au dehors, et non d’un voyage, ou d’un séjour à l’étranger, par suite d’une mission diplomatique. M. Buchanan a été nommé président au sortir d’une ambassade.

Voilà les seules conditions qui soient exigées. Il n’y a aucune condition de religion, de fortune, et nous voyons que les derniers présidents nommés n’ont pas été pris parmi les élus de la richesse ; le général Pierce et Lincoln n’étaient pas des gens d’une grande fortune.

À qui remettrait-on l’élection du président ? C’est là une question qui embarrassa longtemps les constituants américains. Donner l’élection au peuple en masse, c’était agiter les esprits d’une façon singulière, et à chaque élection présidentielle donner la fièvre au pays. Ce danger existe toujours lorsque le peuple se rassemble et nomme un seul homme pour le représenter. Cet homme, qui se trouve le représentant de la nation, se croit à lui seul autant que les Chambres, souvent même davantage, puisque chaque député a été nommé par un district, et que lui seul a été nommé par toute la nation. Il y a donc là un danger pour la liberté si