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ne voudrais pas occuper cette chaire pour la stérile satisfaction d’amuser mes auditeurs ; mais je pense que l’étude de ces questions est ce qu’il y a de plus nécessaire aux hommes, car elle donne des convictions fortes et une foi qui fait agir.

Regardez l’histoire. On dit toujours que ce sont les passions, les intérêts, qui seuls nous gouvernent. Cela n’est pas. Si vous regardez autour de vous, vous le croirez peut-être ; il y a tant de bruit, tant de clameurs ; vous êtes au milieu de l’écume et des flots ; mais montez plus haut, élevez-vous au-dessus des rumeurs du jour : regardez ce que la France est devenue depuis 1789, depuis que nos pères ont écrit sur leur drapeau trois mots qui, suivant moi, sont sortis de l’Évangile : Liberté, Égalité, Fraternité ! Ce drapeau a été souillé, taché de sang, et cependant c’est autour de lui que la France se presse chaque jour davantage. Que sont devenues les conquêtes de l’Empire ? des pages d’histoire ! Où sont ces agitations de la Restauration, que la plupart d’entre vous n’ont pas connues ? Où sont ces émigrés qui rêvaient l’alliance du trône et de l’autel ? tout cela est oublié, évanoui. Où est la pairie héréditaire ? disparue ! En un mot, tout ce que les hommes ont essayé, les quinze ou vingt mille lois faites depuis cette époque, tout s’est évanoui ! Les principes seuls sont restés debout. Toujours la France a suivi le sillon ouvert en 1789.

C’est la vérité de ces idées que je veux défendre devant vous. Je sais que la vérité, pour bien des gens, n’a pas une grande importance. Quand on est jeune, quand les passions ont encore leur noblesse, on sent qu’il y a